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  • Christophe COUPEZ

Navigateur Internet et stratégie digitale

On dit toujours qu’il faut bien choisir les pneus de sa voiture parce que c’est la seule chose qui la relie à la route. Je vais tenter de vous expliquer pourquoi le navigateur internet de votre entreprise revêt la même importance pour le digital interne.

A la recherche du Graal De tout temps, les entreprises ont cherché le saint graal : l’interopérabilité, c’est à dire la capacité pour une application informatique à fonctionner sur tout type d’environnement technique, sur tout type d’OS. Quand les technologies Web ont commencé à se déployer dans les entreprises vers la fin des années 90, alléluia, tout le monde a vu dans le concept de client léger LA réponse à ce problème. Pensez donc : avec le client léger, une même application pouvait fonctionner sur un Mac, sur un PC, quelque soit le système d’exploitation, sans rien à installer sur le poste (ou presque). Mais ça n’a pas été si simple. Une promesse pas complètement tenue Très rapidement, les navigateurs se sont démarqués par leur interprétation différente des standards HTML, obligeant les concepteurs de sites à prévoir une compatibilité multi navigateur dans leur code pour garantir un affichage identique. Pour des gros sites internet, cet effort est nécessaire, mais pour des réalisations intranet aux budgets plus serrés, c’est un effort coûteux en argent et surtout en réactivité. Cet effort de compatibilité complique le développement, les tests, et la maintenance. Pour cette raison en particulier, mais aussi pour faciliter la gestion de la sécurité du navigateur (patch, mises à jour) , les entreprises sont bien souvent mono navigateurs pour leur digital interne, avec un seul navigateur autorisé. Chez les grands comptes, il s’agit bien souvent d’Internet Explorer. Et puis surtout, les navigateurs vieillissent. D’une version à l’autre, des technologies apparaissent, le champ des possibles s’élargit. Mais votre entreprise peut-elle vraiment en tirer partie, si son navigateur est obsolète ? Car nombreuses sont les grandes entreprises à toujours proposer comme navigateur unique un Internet Explorer 8, voir IE7. Quels sont les enjeux pour le digital de l'entreprise ? Le meilleur exemple, c’est le HTML5 : les navigateurs Internet explorer 8.0 et précédents ne proposent pas cette technologie qui ouvre pourtant de belles possibilités en termes d’expérience utilisateurs. Pour cette raison, l’accès à un nombre de plus en plus importants de sites internet est aujourd'hui impossible pour des navigateurs anciens. Dans certains cas extrêmes, on peut même imaginer que les sites Internet de l’entreprise, proposés aux clients exploitant HTML5), ne sont pas consultables depuis le navigateur interne. Si une entreprise est dans ce cas, ça doit poser question. Le collaboratif gagne du terrain dans les entreprises ; on propose de plus en plus de solutions web pour travailler, comme le Réseau social d’entreprise. Mais peut-on décemment pousser l’entreprise vers le modernisme en surfant sur un navigateur hors d’âge. Peut-on faire rouler une Ferrari avec des pneus de 2CV Charleston ? Car au delà de la technologie, au delà même des fonctionnalités que rend possible le HTML5, il y a aussi la question de la performance de traitement. Sur SharePoint, j’ai un jour mesuré une différence flagrante de près de 6 secondes de chargement (c’est beaucoup en termes d’expérience user) sur le chargement d’une page SharePoint complexe sur IE8 par rapport à Chrome. Ce délai est insupportable pour des collaborateurs qui sont très souvent soumis à une pression croissante dans leur charge de travail. Un navigateur lent, c’est mettre un boulet au pied à des collaborateurs à qui on demande en même temps d’aller plus vite. Et que dire des solutions Cloud qui se répandent de plus en plus, mettant aux premières loges le navigateur comme le socle de base de l’accès à ces services ? Bref, vous souhaitez promouvoir le digital dans votre entreprise, imposer aux collaborateurs d’adopter des usages digitaux avec un navigateur hors d’âge, c’est un contre sens. Ca reviendrait à vouloir inciter quelqu’un à faire du sport, du cyclisme par exemple, en l’obligeant à utiliser un vieux vélo tout rouillé aux pneus plats. Mais qu'est ce qui bloque ? Pour les collaborateurs, cette situation est incompréhensible. Chez eux, ils utilisent la toute dernière version du navigateur, et en apprécient les fonctionnalités et la performance. Pour tous les collaborateurs de l’entreprise, cet anachronisme est donc mis sur le compte de l’incompétence du service informatique. C’est beaucoup plus compliqué que ça. Au fil des années, les directions de l’entreprise ont déployé des centaines d’applications web s’appuyant sur une version particulière du navigateur. Bien souvent, ces applications sont fournies par de grands éditeurs ; elles utilisent en plus des composants installés sur le poste qui obligent à utiliser un navigateur précis (Internet Explorer si ce sont des activeX). Changer de navigateur, c’est imposer aux directions de dégager des budgets pour migrer leurs applications, ou du moins pour les tester avec une nouvelle version du navigateur. Et ca, c’est potentiellement un vrai problème, car personne ne souhaitera y consacrer du temps, ni du budget. A défaut d’une décision stratégique d’entreprise, la situation peut rester en stand bye pendant des années, gelant toutes les Evolutions digitales de l’entreprise. Janvier 2016 : Microsoft passe la seconde ! Microsoft avait averti depuis plusieurs mois : à compter du 12 janvier, l'éditeur ne garantissait plus que ses produits SharePoint et surtout Yammer puissent continuer à fonctionner sur les versions 8, 9 et 10 de son navigateur Internet Explorer. Promesse tenue : dès cette date, Yammer est devenue inutilisable sous IE9 (version testée de mon côté) : les liens dans les pages et menus ne fonctionnent plus. Nul doute que Microsoft souhaite maintenant passer la seconde, et forcer les entreprises à passer à la vitesse supérieure. Pas simple pour celles par exemple qui ont encore un parc de machines sous Vista : la version IE9 est la plus haute possible, impossible de passer sous IE11. Pour cette raison, Microsoft perd beaucoup dans cette guerre car les solutions alternatives dans les entreprises passent souvent par Chrome, au détriment du navigateur de Microsoft. Quelles sont les solutions alternatives ? Sur le sujet du navigateur, il y a trois solutions possibles. SOLUTION #1, la solution la plus saine, c’est une décision stratégique d’entreprise stipulant que le digital (interne et externe) est une orientation stratégique d’entreprise, et que par conséquent la mise à jour régulière du navigateur est une nécessité. C’est nécessaire pour coller à la réalité de l’évolution des technologie et permettre à l’entreprise d’en tirer pleinement partie, et c’est nécessaire pour offrir aux collaborateurs des conditions idéales de travail (performances). Cette posture sera logiquement suivie de règles de l’art à respecter, notamment dans le choix des progiciels, ou dans la manière d’aborder la maintenance des applications existantes, de manière que toute application déployée soit compatible avec des mises à jour régulières du navigateur. SOLUTION #2 : si la solution #1 n'est pas retenue, il faut envisager un second navigateur alternatif, déployé au côté du navigateur obsolète figé, destiné à pouvoir être utilisé pour naviguer sur les sites plus modernes. Un choix qui brouille considérablement les usages, et qui reste souvent incompréhensible par les collaborateurs : il faudra leur expliquer la raison de ce choix, et il faudra lui expliquer quel navigateur utiliser pour quelle circonstance. Un gros travail de pédagogie en perspective, d'autant plus difficile que la problématique est difficilement compréhensible par les utilisateurs. SOLUTION #3 : c'est la solution de l'attentisme. Le sujet n'est pas identifié comme critique : personne ne le défend, et personne ne voit de problème majeur causé par ce gel du navigateur. Dont acte. Pour autant, l'entreprise s'expose à un réveil difficile. Un jour arrivera, où une mise à niveau rapide sera nécessaire, voir indispensable : par exemple pour répondre à des problèmes critiques de sécurité causé par une version obsolète, ou pour permettre à l'entreprise de prendre le train digital en marche, avec des outils sur Cloud modernes ayant pour pré-requis des navigateurs à jour. Les actions à lancer n'étant pas anodines, le prix de l'attentisme pourrait se révéler lourd à payer, en termes de stratégie, et de réactivité. En conclusion, vous l’aurez compris, le navigateur internet revêt aujourd'hui une importance majeure pour toute entreprise souhaitant se moderniser. Mais pour des raisons budgétaires ou de priorité bien compréhensibles dans ces temps difficiles, cette importance est bien souvent occultée. Pour ces raisons, les décisions nécessaires pour sortir de ce gel technologique sont souvent reportées à plus tard, au risque que ça soit un jour trop tard.

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